Reconnaissance – Danielle Tremblay

[Automne 1991]


par Danielle Tremblay

Ça commence comme ça, en petite fille soulevée, paralysée par le Grand Désir mange-tout. King-Kong, rien de moins. Petite pomme rongée jusqu’au trognon d’images et de sons sublimes : comptines pour la vaisselle, Inventions de Bach, Vénus au télescope, mille petites caresses végétales. L’amour en serre chaude. Gare au bruit ! Et au mouvement…

Le voilà, le beau, le misérable bateau des quinze-vingt ans casse-cou. Nouveaux jeux apeurant les sens, tournant au drame. Blessée par un fusil pourtant chargé à blanc. Noyée dans le chant d’une maîtresse-sirène des émotions. Délirante de messages encore maladroits. « Ch’t’aime ! Ch’t’en veux ! », comme dirait l’autre.

Une soeur, deux frères, petits coups de coeur et de coude, jouons à qui va nous entendre, nous unir et nous séparer. Tentée de déchirer doucement chaque nouvel amour comme un voile devant ce paysage. Tentée d’allumer des feux pour qui voudra y laisser les meilleurs morceaux de soi, histoire de voir de quel bois on se chauffe. On se cherche toujours une famille.

Autre famille. Choisie? Compagnon aux courbes sages et aux rires fous, yeux-éclairs dans la brume, pensées tendrement sauvages. Charmante amie grignote le temps, l’intelligence et l’humeur complices. Ami se faufile, mais fait du bien par où il passe. Les autres toujours et jamais là, ce n’est que partie remise.

La voix plane, coule, plonge et refait surface, sensible aux échos passés ou à venir, on ne sait pas. Le corps se perd à embrasser tous ces mots. En faire un langage harmonieux ou simplement vivant. Et je t’attends encore…Viens que je te touche.

Se faire plaisir ou mal, un grand art dont je veux encore tâter. Des guérillas du coeur on se relève plus forte et je n’ai rien à perdre. On retrouve toujours sa famille.

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