SYN- : Prospectus, Ville intérieure, randonnée dans un hyperbâtiment – Johanne Sloan, Appropriating the Megastructure

[Automne 2005]

La « ville intérieure » ou « souterraine » de Montréal constitue aujourd’hui l’un des réseaux piétonniers intérieurs les plus développés du monde, avec plus de 30 km de parcours. Il reste néanmoins beaucoup à faire pour mieux connaître et apprécier les possibilités que recèle cet ensemble.

Si l’expérience que l’on a de ce réseau peut sembler banale au premier abord, c’est que l’impressionnante masse d’espaces et d’activités qu’il représente demeure difficile à imaginer dans sa totalité. PROSPECTUS s’intéresse à la recherche d’un imaginaire urbain propre à induire un rapport différent à la « ville intérieure ». En parallèle à la « ville du dehors », nous suggérons ici d’envisager le principal segment de la « ville inté­rieure » comme un « hyperbâtiment » ; mégastructure à la fois ordinaire et prodigieuse, rendue presque imperceptible tant elle s’est greffée mimétiquement à la vie quotidienne montréalaise. Caractérisé par des facteurs d’évolution divers, cet « hyperbâtiment » aurait ses places publiques, ses terrains vagues, ses panoramas grandioses, ses oasis, ses atmosphères contrôlées, ses zones interdites, ses plaisirs synthétiques, ses surprises et paradoxes, et bien d’autres choses encore. C’est une géographie artificielle, faite de rythmes, d’espaces et d’usages variés, qui s’offre potentiellement à la découverte, à l’expérience et à l’activation. PROSPECTUS sonde ce réservoir d’ambiances multiples et en propose une lecture à poursuivre…

Action — vêtu d’un uniforme signalétique, conduire une randonnée dans la « ville intérieure » de Montréal, proposer mises en situation et occupations temporaires, expérimenter une diversité de conditions « artificielles », proches par moments des récits utopiques ou dystpiques de la science­fiction – Le port de l’uniforme, outre sa fonction de repère visuel, permet de mesurer les degrés de tolérance des gestionnaires des différents espaces traversés.
Règle du jeu — ne jamais sortir à l’extérieur.

Au carrefour de logiques multiples et souvent contradictoires, bouleversée par les transformations accélérées affectant les sociétés contemporaines, la matière urbaine actuelle évolue selon des patrons de plus en plus difficiles à saisir. Du résidu spatial oublié au « junkspace » étroitement contrôlé, le statut de la spatialité suscite, dans ce contexte, de nombreux questionnements. Face à ces zones d’indétermination et par delà les connotations avilissantes ou émancipatrices que l’on peut conférer aux faits urbains qui leur sont associés, il nous semble important de chercher à saisir les dimensions conceptuelles et expériencielles qu’elles incarnent comme autant de substrats susceptibles d’alimenter l’activité projectuelle. C’est dans cette perspective que l’atelier SYN– aborde l’exploration urbaine comme une occasion d’intervention, de recherche et de réflexion.

L’article de Johanne Sloan, Appropriating the Megastructure a été à l’origine uniquement publié en anglais. Vous pouvez le lire en consultant la version anglaise de cette page.

 
Résumé
Prospectus de SYN– donne d’abord l’impression d’une dérive situationniste dans la partie souterraine de Montréal. Mais les uniformes portés par les artistes et les photographies de leurs actions – similaires à celles prises par des caméras de surveillance – suggèrent également une expérience urbaine dystopique. Si la ville souterraine renvoie aux mégastructures visionnaires des années 1960, Rem Koolhaas qualifiait récemment ce type d’espace contenu de « junkspace » dans lequel les déplacements quotidiens sont devenus une « dérive forcée ».