Angela Grauerholz, Sans titre (circular) (extraits)

[Printemps 2005]


Suis-je vraiment tenu de me justifier si je m’empêtre moi-même et s’il y a, dans mes discours, de la vanité et des erreurs que je ne perçoive pas ou que je ne sois pas capable de percevoir même en tentant de les imaginer ? Car souvent des fautes échappent à nos propres yeux, mais la maladie du jugement consiste à ne pouvoir les apercevoir lorsqu’un autre nous les indique. La connaissance et la vérité peuvent loger en nous sans le jugement et le jugement peut y être aussi sans elles. […] Je ne cherche dans les livres qu’à me donner du plaisir par un honnête divertissement ; ou, si j’étudie, je ne cherche que la science qui traite de la connaissance de moi-même et qui m’instruise à bien mourir et à bien vivre.

⎯ Montaigne, « Des livres », chapitre X des Essais