[Automne 2023]
Décadrage colonial
Décentrer le regard
[Extrait]
Axée sur une relecture de la production de la scène photographique française des années 1930, l’exposition Décadrage colonial1 souligne les contradictions d’une époque fascinée par les cultures dites d’ailleurs et soucieuse de redéfinir l’image d’une nation. Décadrage : sortir du cadre, décaler l’image, décentrer le sujet et donc le regard. Partagé ici par la résultante de l’action de « décadrer » (le décadrage) et la visée « dé-coloniale » du Centre Pompidou2, le préfixe « de » exprime « la cessation d’un état ou d’une action, ou l’état, l’action inverses3 ». Le lien entre les deux termes, décadrage et dé-colonial, apparaît alors évident, mais on peut tout de même le souligner : le colonialisme est aussi une question de regard et son dépassement exige l’effort d’une vision dé-centrée. L’enjeu de l’exposition, située dans la galerie de photographies, consiste ainsi à déplacer constamment le regard du spectateur, à lui faire percevoir l’image en tant que construction, à travers un parcours visuel qui porte sur les usages de la photographie pour ou contre l’entreprise coloniale de l’entre-deux-guerres. La photographie étant la résultante tangible du regard porté sur l’Autre, parfois avec un propos de domination, on comprend qu’elle se révèle ici comme un objet sensible qui a joué un rôle important dans la fabrication de la représentation nécessaire à la politique coloniale, tout comme dans sa critique. Mais alors, comment décadrer ? …
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 124 – DES IMAGES POUR MIEUX VOIR ]
[ L’article complet et plus d’images, en version numérique, sont disponibles ici : Décadrage colonial, Décentrer le regard — Claudia Polledri ]