[Hiver 2025]
Le silence des murs
par Esther Bourdages
[EXTRAIT]
Poursuivant une méthodologie in situ basée sur la recherche et alimentée par des enquêtes de terrain, Virginie Laganière capture, à travers ses productions artistiques, des moments dans des lieux chargés d’histoire, tout en offrant un regard critique qui réactualise leur quotidien. L’artiste présentait au centre Occurrence un corpus d’œuvres centré sur l’ancienne centrale nucléaire de Lucens, en Suisse, mise en service en 1966 et convertie, dans les années 1990, en dépôt pour des biens culturels d’institutions muséales du canton de Vaud. La nouvelle vocation de cette architecture moderniste lui a été attribuée après un accident radioactif survenu en 1969.
Vitrine et outil de la sphère politique, la centrale nucléaire incarne l’architecture du pouvoir. Laganière interroge l’événement historique autour de cet espace qu’elle considère comme un point nodal où convergent les mémoires, à l’intersection du passé et du futur. La scénographie élaborée de l’exposition réunissait des modules sculpturaux, des photographies, des images d’archives imprimées, une vidéo et une documentation sonore réalisée sur le terrain. Les œuvres juxtaposaient des fragments de récits, au confluent des approches documentaires et fictionnelles et fruit d’observations et d’interviews menées avec des chercheurs suisses, tels qu’un historien, un ingénieur et un archéologue.
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 128 – DÉPAYSEMENT ]
[ L’article complet en version numérique est disponible ici : Virginie Laganière, Le silence des murs – Esther Bourdages]
Esther Bourdages œuvre dans le milieu des arts visuels à titre d’autrice et de commissaire indépendante. Titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art de l’Université de Montréal portant sur le sculpteur suisse Jean Tinguely, elle étudie la sculpture dans le sens élargi (art in situ, installation), souvent en relation avec l’art sonore et les arts numériques.