[Hiver 2025]
Lullaby of Birdlands
par Earl Miller
Olga Korper Gallery, Toronto
2.05.2024 — 8.06.2024
[EXTRAIT]
Formellement, l’exposition de l’artiste torontoise Sandra Brewster s’articulait autour du processus photographique analogique du transfert au gel. Conceptuellement, Brewster y explorait la croisée des géographies, migrations, histoires et expériences du quotidien.
Le portrait noir, réalisé souvent dans des espaces publics, servait de fil d’Ariane entre les œuvres exposées, tout comme l’emploi du transfert au gel photographique. Brewster s’est intéressée tôt dans sa carrière à cette technique, qui consiste à transférer une photographie sur une autre surface avec de l’encre. Le procédé aboutit à des translations d’encre imprévisibles, avec des accrocs et des plis dans le gel, qui sont accentués par le fait que les espaces vides créés ne retiennent pas l’encre. Brewster joue de ce caractère aléatoire, froissant un peu plus le papier, donnant une illusion d’usure et donc, d’ancienneté. Elle va même jusqu’à réorganiser des portions de l’image d’origine. Des rectangles collés forment des trames, base minimaliste pour une surface bourdonnant d’expression et d’action. Ces strates d’imperfections apparentes, de structures réticulaires et de personnages sous-entendent des significations qui vont au-delà du portrait habituel. Pour Brewster, le transfert au gel évoque le déplacement d’un lieu à l’autre tel que les migrations humaines, notamment celle de sa famille du Guyana à Toronto.
Traduit par Frédéric Dupuy
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 128 – DÉPAYSEMENT ]
[ L’article complet en version numérique est disponible ici : Sandra Brewster, Lullaby of Birdlands – Earl Miller]
Basé à Toronto, Earl Miller est auteur indépendant et réviseur dans le domaine des arts. Ses écrits ont été publiés sur les scènes régionale, nationale et internationale.