[Printemps 1989]
par Mistral
Pour Jo.
T’as dit je pense que chtème
Chte trouve beau chte trouve là
Ça tombe bien dis-je
Moi aussi comme par hasard Chpense que chtème en fou fragile
Que je t’aime à la perte d’esprit
Que j’ai la sanglante soif de ton âme comme l’âme d’un revolver
Qui brûle un rond dans tes jupons
Ma passion porte un nom de fille
Des jupes et des pulls de grosse laine
Qui sentent la bergère sous la pluie
Les étoiles giguent une danse jaune
La lune est pleine et molle toujours
Mes crocs au clair chantent
Un air de loup famélique épuisé d’appétit
La palpitance blanche du mâle-garou
Bâtissant un cyclone mauve dur
Un soupir d’animal étranglé
Elle tient à la main ma vie raide
Flipper d’un trait jusqu’au soleil
Ces délices pénétrants de sa peau
Sa peau pâle à mort armée
La longue veille remuante
Les murs se défont dans la gloire de minutes
plus vastes que les contes et les planètes d’eau
Nous perpétrons le nécessaire
entortillés dans un furieux brasier de mousse
Nous implosons en morceaux d’atlantes
et nos fragments rougis se distribuent
comme un sable saignant aux étages du besoin
et silencieux se déposent
J’aspire son suc je fais son tour souvent
Très lent comme un cœur assoupi glisseur
Elle est un lieu d’huile et d’odeurs arrachées
Qui s’abolissent aux herbes crues de mon ventre
Un point de chute intraveineuse
Décalqué au milieu du matelas.
Obsessive inclination
Vers nos viandes blessées
Nos fantômes s’invitent à la roue incendiée
Beauté barbare ta bouche
Métabolise des mirages glaciaux
Des visions vierges et des orgasmes ascenseurs
Et des matières astrales qui sucrent ton haleine
Je dégringole jusqu’à la faille lisse
Nos chairs se scellent sourdes
Les brouillards montent sur le lit des douces violences
Tes seins nappés de buée tiède
Caressent le souffle vif entre mes joues
Les cloisons cèdent toutes
En un fracas mental mutant
Tu plonges et je torpille et je dévaste tes r.. ns
Tu éjacules des galaxies sonores
Un opéra hurlé du gouffre de glaise
Ta joie proximale et lointaine
Feutrée sauvage piégeant ma joie
Tu déchires mon poitrail mouvant
Ton fauve amer fendu me trait sans me tarir
Tu t’arques bleue en te plaignant
Vais-je venir à l’orage et dormir
Du terrible sommeil des amants dégrisés
J’ai un plasma cristallisé entre les cuisses
Étonnons indignons renonçons jetons-nous à genoux
Disons qu’il n’aurait pas fallu
Disons qu’il faudra bien encore
S entremanger d’amour livide
S’entregémir des rumeurs noires
Je t’aime et je t’aime encore plus que ça.