[Automne 2007]
par Jacques Doyon
Le magazine Ciel variable a vingt ans! Au fil des ans, la revue s’est métamorphosée plus d’une fois pour mieux rendre compte de l’évolution de la pratique photographique, de l’élargissement de son champ d’application, de sa reconnaissance par le milieu artistique et des modifications de son environnement institutionnel. Seule revue de photographie bilingue au pays, Ciel variable a ainsi été un acteur significatif pour la connaissance des œuvres photographiques et des pratiques de l’image médiatique.
Pour marquer cet anniversaire, nous publions dans ce numéro un essai visuel sur l’évolution de la revue tout au long de ces années. Et nous nous tournons surtout vers l’avenir en effectuant une refonte complète de la revue. Avec une grille graphique entièrement repensée, grâce à l’expertise et à l’enthousiasme de Louis-Charles Lasnier et de Mathieu Cournoyer, nous réaffirmons clairement nos axes d’intervention et balisons les lignes de notre développement. Publiée désormais trois fois l’an, Ciel variable vous offre un contenu plus étoffé qui inclut la traduction des principaux essais, des entrevues reliées à l’actualité et des articles de fond regroupés dans une section Gros Plan. La présentation de larges portfolios d’œuvres récentes, accompagnées d’essais d’auteurs spécialisés, et l’exploration d’enjeux thématiques continuent d’être au cœur de la revue.
Ce numéro est consacré au tourisme culturel. S’attardant autant à des constructions politico-culturelles, telle la Biennale de Venise, qu’à des sites et institutions qui jouissent maintenant d’un statut monumental, les travaux présentés abordent différents aspects du milieu culturel en tant que composante de l’industrie touristique et offrent de nouvelles perspectives sur un phénomène désormais mondial.
Il regroupe des travaux d’Antoni Muntadas, de Jana Sterbak et de Jessica Auer, commentés par Reesa Greenberg, Alain Laframboise et Michelle Kasprzak. Sous le titre de On Translation, Muntadas rassemble des travaux qui visent à mettre à jour les non-dits de manifestations culturelles et médiatiques. Le volet I Giardini s’attache ainsi à révéler les enjeux de représentation nationale inhérents à la Biennale de Venise et à rapprocher cet événement culturel majeur des phénomènes de consommation touristique de masse. Les travaux récents de Sterbak peuvent être inscrits ici, à rebours de la thématique, parce qu’ils déjouent le déjà vu de la Cité lacustre.
A contrario du cliché touristique, Venise y est perçue à ras de terre – dans la course mouvementée d’un chien porteur de multiples caméras – sous un angle qui force le renouvellement du regard. Auer, quant à elle, revisite l’un après l’autre les hauts lieux du tourisme mondial pour en produire une image qui condense les clichés touristiques courants du lieu. On dit que le touriste cherche à retrouver sur les lieux mêmes l’image qu’il connaît déjà; cette image retrouvée, Auer l’élève au rang d’œuvre d’art.
Vous trouverez également, dans la nouvelle section Paroles, une entrevue de l’artiste brésilien Vik Muniz réalisée par Jean-François Bélisle, dans laquelle il commente les œuvres actuellement présentées au Musée d’art contemporain de Montréal. Dans la section Gros plan, nous publions un deuxième essai de Sylvie Parent sur la présence et l’utilisation artistique de la photographie sur le Web, en lien cette fois avec la cartographie et les enjeux de localisation. Et, dans un premier essai visuel que nous consacrons à l’histoire de la revue, nous soulignons la contribution de tous les artistes et auteurs qui ont contribué à la revue au fil des ans. Nous espérons que vous apprécierez les changements que nous vous proposons!