Los Immigrantes – Marcel Blouin

[Hiver 1988]


par Marcel Blouin

Ô Canada.
ici c’est notre pays,
nuestro pais,
our country,

il paese nostro,
et quoi encore.
c’est difficile à imaginer,
mais le fusil qui fait
le cinéma des nordiques
est souvent la triste réalité
violente et quotidienne
de petites gens comme nous
qui doivent émigrer.
toc, toc, toc,
perdone me,

puedo entrar?
hay que no puedo vivir en mi pais.

si los blancos sabian,
si los immigrantes podian.
pequena historia increible:
Mario esta de viaje en Montreal
por poco tiempo.
vive ahora en Nueva York
desde hace quatro anos
y no sabe très palabras de inglés.
dice que no es necesario
para vivir en Brooklyn, Nueva York.
se fue de Colombia
porque es un intelectual
y no se puede vivir allá
en un pais donde la direcciôn se llama:
dictatura.

pour rester en vie,
avec l’aide d’un ami psy,
Mario s’est réfugié dans un hôpital
psychiatrique de Bogota
sans jamais pouvoir en sortir
pendant six mois.
à mesure que la peur
de devenir fou grandissait,
Mario préparait son exil,
bien malgré lui.
il vit maintenant à New York,
pense s’établir à Montréal,
et aimerait retourner dans son pays d’origine.
ah oui, la Colombie,
c’est un beau pays,
les plages sont belles à en mourir.
ah oui, Haïti,
c’est un beau pays … vive lame.
ah oui…
ah oui …
pour votre prochaine destination voyage,
contactez Somosa, Baptista,
Bébé Doc, Marcos, Pinochet…
ils sauront vous guider.

si los blancos sabian,
si los immigrantes podian.
Félix et Lévesque ne sont plus,
so welcome in Canada
and speak white or die.
taritam, bourn, bourn, tarn, tarn,
avec Paolo Conte,
Johnny Clegg, Gipsy Kings,
Nascimento

et le baisage multilangue,
Montréal s’ouvre au multiculturalisme,
d’abord la fin de semaine.
baiser avec plus noir que soi,
se marier avec plus blanc que soi,
à bas le mariage,
vive le multiculturalisme.

bienvenue aux femmes blanches,
statues de la liberté,
et donne du rhum à ton homme,
un monde nocturne ouvert jusqu’à 3h00.
welcome in Canada
los immigrantes
son los habitantes de la tierra
but don’t forget.
choose the right language,
speak white or die.
feeling hot, hot, hot.
debemos combatir el racism
entonces,
hacemos el amor,
no importa el color,
but don’t forget,
speak white or die.
feeling hot, hot, hot.
los immigrantes
son los habitantes de la tierra.
l’Italie,
bottine de mon enfance,
que j’ai dû quitter.
la mancanza di lavoro
ha obbligato una parte
degli abitanti ad emigrare
verso il nord o ad espatriare,
verso IAmerica.
sono italiano puro

mais jamais je ne retournerai

vivre en Italie.

they just kicked me out,
there was no work in the South of Italia.
welcome in Canada,
but don’t forget,
speak white or die.
après avoir construit
des maisons toute ma vie,
j’ai maintenant la mienne
accanto alla chiesa
je ne suis plus un wops,
a without official papers,
ho tutto:

maison, famille, jardin
e un lavoro.
sono canadese nella mia testa,
ma italiano nel mio cuore,
sopratutto durante il mondial.

los immigrantes
son los habitantes de la tierra,
so welcome in Canada,
but don’t forget,
speak white or die.
⎯ Marcello Bluini