[Printemps 1989]
par Danielle Roger
La passion, une question de température intérieure, d’environnement, de nature? 1989 sera-t-elle une bonne année pour la passion ? Et si, la passion était en voie de disparition…
Les collaborateurs de Ciel Variable n’ont reculé devant aucun sacrifice. Les photographes se sont enfermés de longues heures (et seuls) dans leur chambre noire, pendant que les auteurs se cassaient la tête et le cœur pour ramasser leurs idées sur la question. Il en résulte un numéro où il y a davantage de textes que de photographies. La passion se raconte-t-elle plus facilement qu’elle ne se montre?
Comme Dieu, la passion est partout. Elle est aussi multidisciplinaire. Certains passionnés se consacrent à une cause politique ou sociale. Sans peurs et sans regrets ils y investissent tout ce qu’ils ont, tout ce qu’ils sont. Côté passion amoureuse nous avons plusieurs options. On s’y adonne, tantôt clandestinement (c’est encore plus excitant), tantôt à temps partiel (modèle loisirs organisés entre la séance de Jogging et le déjeuner d’affaires). Happy Hour\ Les baby boomers ne prennent que des risques calculés. Aujourd’hui en Amérique, on préfère investir dans le «Moi d’abord», c’est plus sûr. On s’éprend de la première personne du singulier, rencontrée dans le miroir d’en face. Que reste-t-il de la passion ? Celle qui rend fou et pour qui on s’assassine le moral, se ruine la santé, se ferait teindre en blonde. En cette fin de siècle, avons-nous encore le temps et le cœur à ça ?
QUE LES INCONDITIONNELS DE LA PASSION SE LÈVENT! Encore au lit?! Ils s’embrassent, s’exaltent, se prennent en douceur et en enragés. C’est l’euphorie intégrale. La passion est (enfin !) de leur bord. Mais, hélas!, éphémère. Fatalement on en vient aux tourments de «l’après-passion». Rejet du corps étranger et effets secondaires chez l’indésirable. Ça fait mal. Peut-être qu’on recommencera en se souhaitant «meilleure chance la prochaine lois». Question de tempérament !
Voici donc quelques versions et quelques visions de la passion.