[Printemps 1989]
par Danielle Roger
1947, Guy Nadon a 13 ans. Déjà, il connaît sa passion : la musique. En jouer. N’importe où, avec n’importe quoi, mais en jouer tout le temps. Il n’a pas de batterie. Tant pis, cette passion-là n’attend pas. Elle va trop vite.
Côté cour : il donne ses premiers concerts sur des poubelles avec des barreaux de chaises en guise de baguettes. Côté jardin: il improvise sur une batterie de cuisine, pots de confiture et boîtes de conserves.
La première fois qu’il joue sur une vraie batterie; c’est avec nul autre que Buddy Rich. Ti-Guy n’a que 15 ans.
1950, 1960, 1970, le temps passe vite quand on joue. De plus en plus frénétique, Nadon promène l’instrument de sa passion un peu partout. L’important c’est de jouer. N’importe où et à n’importe quel prix. Du Parc Lafontaine au Ritz Carlton, du Parc Belmont au Reine Elisabeth, du Casa Lorna à la Place des Arts. 1975, il a enfin son groupe «Guy Nadon et la Pollution des Sons». Cette même année au «In Concert» (le club des célébrités du jazz), le batteur Elvin Jones a un malaise pendant son spectacle. Nadon est dans la salle. Il fonce à baguettes rabattues. Que le spectacle continue ! C’est le délire.
Et ça continue… Festival International de jazz de Montréal, un disque*, un projet d’encyclopédie rythmique sur la percussion…
Il lui arrive encore de jouer sur des boîtes de conserves. Pour le plaisir et pour la conservation de la passion.
* Guy Nadon et la Pollution des Sons, 1987, Les entreprises Radio Canada.