[Automne 1989]
Un portrait pour Narcisse
Je me vois, je me mets en place.
J’arme, je m’agite, j’appuie.
Je me fais ma propre image.
Je m’apparais, je sens
que je me peux.
Je me vise, je me vis,
et je me sens bien.
Je me révèle, je m’agrandis.
Je m’illustre, je me gonfle l’Art.
J’en pète et je remets ça.
⎯ Danielle Bérard
Du coté d’un soleil dilué
Est-ce le fait d’une fenêtre sale ?
D’une eau courante ?
D’un reflet hors de lui ?
D’une tradition ancestrale ?
D’une contingence
très particulière ?
D’un hameçon universel ?
Sait-il au moins qu’il est saisi ?
Qu’il est à la merci
des pressions terrestres ?
(Terrible!)
Se doute-t-il
d’une dilution constante ?
D’un autre côté,
le nénuphar frémit-il
à l’approche de la grenouille ?
Trois porteurs d’eau
n’amerrirent point ce jour-là,
mais que de berges et de
moutons s’y sont abreuvés !