[Hiver 2024]
La performance rétroactive
Par Didier Morelli
[Extrait]
À l’étage inférieur de l’Art Institute of Chicago, les salles de photographie et arts médiatiques ont des allures de crypte. Le faux plafond est bas, et les salles, blafardes, par comparaison à celles des étages supérieurs, hautes et baignées de lumière. Tandis qu’Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte (1884-1886), de Georges Seurat, aimante les foules deux niveaux plus haut, le sous-sol est passablement moins achalandé, doté des surprenantes, mais charmantes salles des miniatures de Thorne et des quatre du département de photographie. Située à proximité des toilettes, cette partie du musée évoque une cache secrète.
Ce contexte queer se prête involontairement à merveille à Peter Hujar: Performance and Portraiture1, une exposition qui porte exclusivement sur la dimension performative de l’œuvre emblématique du photographe américain, pour la période comprise entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980. Nombreux sont les gens qui voient en Hujar (1934–1987) un symbole d’une génération de jeunes hommes gais blancs qui a documenté la vie dans l’East Village du New York des années 1970, préambule à la crise du VIH/ sida. À l’exemple de certains de ses contemporains – Diane Arbus (1923–1971) et Robert Mapplethorpe (1946–1989), notamment –, Hujar saisit à la fois la beauté et la destruction, les actes de brouillage des genres – et autres identités –, les vies vécues sans limites, ainsi que la créativité et l’effervescence absolues de l’avant-garde new-yorkaise…
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 125 – AGGLOMÉRATIONS ]
[ L’article complet et plus d’images, en version numérique, sont disponibles ici : Peter Hujar, La performance rétroactive – Didier Morelli