[Été 1996]
Galerie Vox
Du 15 février au 17 mars 1996
«Je te touchais du ciel/rêve» — «Je t’embrasse/brasier» — «Ta main sous ma robe/caressante» — «Ton souffle dans mon cou/brume». Suite poétique où les mots appellent des images. Ici, pour accompagner ses textes, Lucie Duval proposait des paysages aux cieux ardents de couleurs.
Phrases, photos, miroirs et mots. Par le biais d’une ingénieuse installation, Lucie Duval présentait à la Galerie Vox une série d’œuvres délicates mariant photographies — format carte postale — et textes. Quand on se plaçait debout devant chacune des petites pièces accrochées au mur, notre regard croisait la phrase de départ, comme le murmure d’une confidence. Puis il nous fallait bouger, regarder à droite et à gauche pour apercevoir le reflet d’une photo à la surface d’un miroir accroché là, derrière ; sur la glace, un seul mot qui se mêle à l’image instable. Pour la plupart, les photos montraient des espaces du quotidien : nature, architectures, scènes d’intérieur. Le titre de l’exposition, 25 images/ seconde (indice du ralenti au cinéma), rappelle le jeu d’apparition et de disparition propre à l’image filmique et le processus de va-et-vient nécessaire pour reconstruire l’œuvre en son entier. Une œuvre fuyante, ambiguë, déterminée par son dispositif.
Speculum (miroir) a donné le nom de «spéculation» : à l’origine, spéculer, c’était observer le ciel et les mouvements relatifs des étoiles à l’aide d’un miroir. Le miroir nous permet, chez Lucie Duval, d’interroger l’illusion de réel que représente la photographie, et la photographie nous amène à questionner les noms que l’on donne aux choses et aux sentiments.
Le projet présenté chez Vox se laissait découvrir au rythme du visiteur, chacun puisant dans sa propre boite à souvenirs, dans son réservoir de mots, dans son album d’images.