Ouvrages reçus – Jean-François Bélisle

[Été 2007]

Image and Inscription:
An Anthology of Contemporary Canadian Photography [Robert Bean, ed.] (essays by Marie-Josée Jean, Blake Fitzparick, Robin Metcalfe, Carol Williams, Robert Enright, Vid Ingelevics, Lynne Bell, Jim Drobnick and Jennifer Fisher, Stephen Horne, and Robert Bean). Toronto: Gallery 44 and yyz Books, 2005. English texts. 232 pp., 121 colour and 37 black-and-white illustrations.
On the occasion of its twenty-fifth anniversary, the Toronto-based Gallery 44 produced an anthology containing ten original texts on contemporary photography and ten artist portfolios. The portfolios present the respective artists’ works independently in full-page reproductions, while works by other artists are reproduced in the context of the essays. Featured artists include Arnaud Maggs, Alain Paiement, Ève K. Tremblay, Arthur Renwick, Katherine Knight, Rosalie Favell, Scott McFarland, Cathy Busby, Jeanne Ju, Michael Maranda, Stan Douglas, Rodney Graham, William Eakin, Jin-Me Yoon, Edward Burtynsky, and David McMillan. Each text fully develops an approach, theme, or trend found in contemporary Canadian photography. Juxtaposed, they offer a good, though not exhaustive, overview of the current shape of Canadian photography. As Robert Bean states in his introduction, this book “presents the diversity and changeable milieu of photographic practice. … It also represents an important step in expanding the contemporary authorship on photography in Canada.”

Frank Breuer
Frank Breuer: Poles (essay by Marcus Verhagen and note by Daniel Strong, curator). Grimmel, Iowa: Faulconer Gallery, 2006. English text. 68 pp., 31 colour illustrations.
Published to accompany Frank Breuer’s first museum exhibition in North America, this catalogue focuses on his latest production: his portraits of poles. While completing an artist residency at Harvard, Breuer - a founding member of the so-called Düsseldorf School - undertook the tedious task of photographing electricity and telephone poles. In each image, the subject is sitting in a nondescript suburban environment. In his essay, Marcus Verhagen understands Breuer’s work as a reflection on the network economy now prevailing in the Western world. Supporting electrical wires, phone lines, and optic cables, these poles link distant communities in today’s information age, each embodying the network in a specific location. Yet, according to Verhagen, Breuer’s treatment withholds from the viewers both the content of the network and the specificity of the poles’ location. Instead, it presents monumental figures that seem to form a closed circuit.

Isabelle Hayeur
Habiter : les œuvres d’Isabelle Hayeur (texte de Serge Bérard, commissaire). Oakville, Oakville Galleries, 2006. Texte bilingue. 48 p., 18 illustrations couleur.
Regroupant trois séries de la photographe Isabelle Hayeur - Destinations, Excavations et Maisons modèles -, ce catalogue est publié conjointement par les Oakville Galleries (Ontario) et le Musée national des beaux-arts du Québec. Ses quelque dix-huit reproductions couleur offrent une bonne vue d’ensemble des travaux récents de l’artiste et sont accompagnées d’un texte de Serge Bérard. Par une lecture principalement visuelle des œuvres, ce dernier reconstruit une critique sociologique, économique et politique de la société occidentale, critique qu’il place au cœur des constructions numériques de l’artiste. En effet, Hayeur utilise une technologie numérique moderne pour créer des pastiches de la réalité. Dans les trois séries, des paysages et constructions aucunement reliés entre eux se partagent l’espace photographique de façon plus que réaliste. Il en résulte autant de panoramas (Destinations et Excavations) et de portraits architecturaux (Maisons modèles) qui existent uniquement à travers la lentille numérique de l’artiste. Bérard y lit des commentaires sur l’étalement urbain de plus en plus envahissant sur la planète. Comme il l’écrit, la construction de maisons dans la ceinture périurbaine fait disparaître ce que leurs propriétaires étaient venus chercher.

Lynne Cohen
Lynne Cohen. Camouflage. Paris: Le Point du Jour Éditeur, 2005. Bilingual text. 200 pp., 172 black-and-white illustrations.
With its large number of high-quality reproductions, this book reads like an anthology of Lynne Cohen’s works that spans her entire career as a photographer. Not unlike a “B-sides” music album, it is composed of artworks that “were stylistically or conceptually at odds with the works [that she was] showing, needed time to settle [or that she thought] would work better in small [formats].” Indeed, all of the works reproduced in this book are small (18″ x 20″) prints. Flipping through the pages, one gets an entirely different feeling than when faced with her large-scale prints (colour or black and white). Again, similar to tracks on “B-sides” albums, these works offer glimpses of artistic approaches tangential to Cohen’s work on odd and uncomfortable-yet-alluring interior spaces. Varying proximities to the photographed subjects, changing lighting schemes and intensities, and diverse cropping styles all contribute to this new genre within the Cohen vision. At the back of the book is a short text by Cohen, which offers an interesting “behind the scenes” look at this production.

Ève K. Tremblay
Ève K. Tremblay : Tales without Grounds (textes de James D. Campbell, Justin Hoffman et Edouardo Ralickas). Longueuil, Plein sud, et Strasbourg, Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines, 2005. Textes trilingues (français, anglais et allemand). 64 p., 32 illustrations couleur.
Produit à l’occasion d’une exposition itinérante d’œuvres récentes d’Ève K. Tremblay, ce catalogue regroupe trois textes, chacun publié dans sa langue d’origine. Les auteurs des textes français et anglais commencent tous deux leurs écrits en attirant l’attention du lecteur sur le rôle performatif qui lui est réservé lorsqu’il observe les œuvres de Tremblay. Influencées par la formation littéraire et théâtrale de l’artiste, ces œuvres apparaissent comme des mises en scène figées de parties de narrations beaucoup plus vastes. Ainsi, leur contenu affectif excède largement leur contenu ostensible. Le manque à combler est expressément relayé au spectateur qui peuple les vides de ses propres expériences affectives. Toujours selon James D. Campbell et Edouardo Ralickas, c’est cette implication personnelle du spectateur qui définit l’œuvre de l’artiste. Tel que le conclut Ralickas, dans les contes sans fondement de Tremblay, « la somme excède les parties ».

Raymonde April et Michèle Waquant
Raymonde April et Michèle Waquant, Aires de migrations / Migration Areas (essai de Dominique Abensour, conversation entre les artistes et Chantal Boulanger et DVD-ROM). Quimper, Éditions le Quartier et Montréal, vox, centre de l’image contemporaine, 2005. Textes bilingues (français et anglais). 140 p., 523 illustrations couleur et noir et blanc.
Ce catalogue a été publié à l’occasion de l’exposition conjointe de Raymonde April et Michèle Waquant montée par le centre vox à Montréal et le Quartier à Quimper. Le travail présenté alors par les artistes constituait un retour sur leurs productions communes et individuelles depuis 1980. Le nombre impressionnant de reproductions figurant dans cet ouvrage reflète de façon appropriée la grande productivité de ces artistes. On y retrouve tout autant des portraits de famille ou des clichés de vacances que des études de style ou des vues d’installations d’expositions. Au fil des pages, le lecteur est invité à entrer dans la vie familiale et sociale des deux artistes. Tel que le mentionne Chantal Boulanger dans son texte, cette exposition et son catalogue représentent le projet ambitieux de « croiser leurs itinéraires respectifs, leurs biographies et leurs pratiques de l’image. » Le dvd-rom accompagnant ce catalogue est impeccablement réalisé et offre l’occasion aux lecteurs de visiter l’exposition, de consulter plusieurs albums de photos produits pour l’occasion et de visionner des œuvres vidéo antérieures des deux artistes.

Thomas Kneubühler
Private property = Propriété privée, collection Les portables. Montréal, Dazibao, centre de photographies actuelles, 2006. 32 p., 18 illustrations couleur.
Ce petit livre regroupe dix-huit œuvres récentes de Thomas Kneubühler, artiste né en Suisse et vivant maintenant au Canada. Ces photographies, toutes prises à Montréal en 2005 et 2006, explorent différentes facettes du concept de propriété privée dans la société nord-américaine. L’artiste juxtapose des portraits de gardes de sécurité et des images architecturales prises de nuit. Y figurent aussi de nombreux complexes industriels non identifiables qui, dans l’objectif de l’artiste, prennent des airs d’installations militaires sous haute surveillance.

Volker Seding
Captive/Captifs (with original prose-poems by Gary Michael Dault). Montreal: Les 400 coups, 2007. Bilingual texts. 96 pp., 34 colour illustrations.
This monograph matches thirty-four works from Volker Seding’s recent Animal Kingdom series with thirty-four short prose-poem texts by Gary Michael Dault. The artworks comprising this series each show a single zoo animal - or pair of animals - in its new artificial environment. Forsaking the usual introductory texts with contextual information about the artist or artworks, this book offers insightful comments about the content of each image. The comments range from descriptive readings of the works’ content, to astute interpretations of their composition and form, to cultural suggestions of bridges linking our perception of the animals to classical authors of the past. The oddity of the make-believe environments produced for the animals, combined with Seding’s fascination with animals and zoos and Dault’s expressive comments, creates a book that seems to escape reality and encourages readers to immerse themselves in an imaginary, though artificial, animal kingdom.

Jana Sterbak
Jana Sterbak: Waiting for High Water (texte de Hubert Damisch). Paris, Centre culturel canadien, 2006. Texte bilingue. 94 p., 30 illustrations couleur.
Cet ouvrage gravite autour de l’œuvre récente de Jana Sterbak intitulée Waiting for High Waters. Réalisée à Venise, cette œuvre poursuit une démarche amorcée en 2003 lors de son exposition From Here to There à la Biennale de Venise. La dernière incarnation de ce projet présente des images filmées au moyen de trois caméras miniatures fixées sur la tête d’un chien. Le contenu des vidéos résulte de promenades que le chien a effectuées en laisse à Venise durant l’acqua alta. La petite taille du chien - quelque 35 cm - et ses mouvements incessants offrent ainsi une perspective nouvelle et hautement instable sur la Serenissima. Selon Hubert Damisch, cette œuvre explore la subjectivité de la caméra et les liens entre les différents sens de l’animal. Il suggère que l’œuvre de Sterbak offre simultanément une nouvelle façon d’humaniser l’œil et d’animaliser le regard.

Donigan Cumming
Donigan Cumming, La somme, le sommeil, le cauchemar (avant-propos de Jean Fredette et texte de Catherine Bédard, commissaire). Paris, Centre culturel canadien, 2006. Textes bilingues (français et anglais). 120 p., 46 illustrations couleur et noir et blanc.
Parrainé par le Centre culturel canadien, Donigan Cumming a exposé deux œuvres lors du Mois de la photo de Paris en 2006. Ces œuvres, intitulées Prologue et Épilogue, sont le cœur de ce catalogue. Elles forment un diptyque des plus étonnant où les mêmes individus, connus au hasard des œuvres photographiques et vidéo passées, ont quitté l’avant scène pour rejoindre l’arrière-plan. Tel que le note Catherine Bédard, dans ces œuvres Cumming « suspend ce qu’il avait lui-même instauré comme une tradition, à savoir la mise en scène des mêmes personnages dans des situations nouvelles témoignant […] du tragique passage du temps dont ils portent la marque ». En effet, l’artiste a physiquement découpé un grand nombre (tous?) de ses modèles passés et créé deux importants collages dans lesquels les corps humains (ou parties de corps humains) tissent un environnement des plus foisonnant. La richesse et le dynamisme du lien unissant habituellement les modèles de Cumming aux environnements choisis pour ses œuvres deviennent ici la totalité de l’œuvre puisque l’environnement « est » les personnages. Dans son texte, Bédard décortique de façon très intéressante le contenu et la forme de ces compositions qui incorporent la photographie, le collage et la peinture.