Ce dossier thématique CYBER / ESPACE / PUBLIC examine un certain nombre d’enjeux liés au régime numérique des images et à leur circulation sur les réseaux. Il explore les multiples correspondances et réciprocités qui se tissent entre des espaces concrets et différents dispositifs technologiques, portables (téléphones « intelligents », applications en tous genres, instruments de géo-localisation) ou ancrés dans les cyber-réseaux (médias sociaux, moteurs de recherche, codes QR, etc.), tout en étant parfaitement intégrés à la vie quotidienne. Diverses temporalités s’y entremêlent, d’évidentes interpénétrations entre les domaines privé et public, entre productions amateures et professionnelles entraînent une transformation sensible des pratiques artistiques et culturelles.
Réalisé sous la direction de Suzanne Paquet, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Montréal et spécialiste de la photographie, ce dossier rassemble les essais de six auteurs qui abordent ces questions à partir de travaux d’artistes qui explorent les nouvelles zones ouvertes par cette prolifération et cette circulation accélérée des images et par les nouveaux appareils de la mobilité.
On y traite des possibilités de relecture et de recontextualisation des images contenues dans les immenses banques de données visuelles que sont devenus des sites tels YouTube et Google Street View, ou le Web tout entier. Des stratégies d’appropriation se mettent en œuvre qui remettent en question le statut de l’auteur et revalorisent les pratiques amateurs. On y examine aussi l’utilisation de plateformes de type blog comme relais à des interventions dans la ville, comme moyen de rassembler des communautés élargies autour d’enjeux d’intérêt commun, ou plus simplement, pour leur potentiel de diffusion et l’établissement de communautés de goût. On y analyse l’usage des appareils mobiles pour accroître l’expérience d’un lieu en temps réel en y superposant des éléments mémoriels et historiques. On y explore enfin des pratiques artistiques qui interprètent les archives d’une ville et utilisent les outils numériques pour projeter les orientations de son futur développement…
L’agora publique trouve ainsi une extension dans le réseau numérique. En dépit des forces visant à policer et contrôler l’accès au réseau et à y faire prévaloir les valeurs de consommation et l’atomisation individuelle, le réseau se charge de nouvelles utopies et démultiplie les communautés possibles. Il se fait ainsi le vecteur de pratiques qui ont le potentiel de transformer radicalement la nature de l’art et le statut de l’artiste dans la société…
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Ce numéro paraît au moment où la revue clôt sa 25e année d’existence. Nous travaillons depuis un moment à nous adapter à la transformation numérique du monde de l’édition. Déjà, nous avons mis en ligne les archives complètes de nos vingt premières années de publication, nous offrons l’abonnement numérique institutionnel par le biais d’Érudit et nous avons établi une présence active sur Facebook. Nous sommes heureux d’annoncer que les sites de la revue Ciel variable sont maintenant adaptés aux écrans mobiles et que l’on peut dorénavant se procurer l’abonnement individuel et des articles en format numérique directement sur notre site. La version numérique du magazine est également offerte gratuitement à tous nos abonnés qui en feront la demande. Enfin, de nouvelles initiatives reliées au contenu et à une présence accrue sur les réseaux sociaux sont actuellement en préparation. C’est à suivre…
Jacques Doyon