[Automne 2025]
Désenrocher
par Charlotte Lalou Rousseau
[EXTRAIT]
Le corpus Poids, plumes de Sara A.Tremblay, présenté dans le cadre du Prix en art actuel du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), est composé de bien plus que l’installation photographique du même nom. Pour parler de ce projet bilan, il faut d’abord remonter dans le temps. L’élément qui accueillait le public au MNBAQ, Portrait (2004–2017) (2023), consiste en un boîtier autoportant dans lequel sont entassés plus ou moins chronologiquement des fragments d’œuvres antérieures. À la fois cadre, écrin et monument funéraire, la structure agit également comme portail : l’action de sceller le passé et de le laisser derrière permet à l’artiste de se projeter ailleurs. L’accumulation verticale de matériaux se lit comme des couches géologiques, une carotte d’archives qu’on aurait enterrées six pieds sous terre. Ou comme un segment d’imagerie par résonance magnétique, la tranche d’un corps documenté avec soin, les entrailles d’une pratique artistique sur le point de basculer. Dans la boîte se trouvent notamment des dessins au charbon et de nombreuses boules d’argile et de ciment de tailles variées. Ces dernières constituent un motif récurrent chez Sara.
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[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 130 – PLANTES ET JARDINS ]
[ L’article complet en version numérique est disponible ici : Désenrocher]
Sara A.Tremblay est une artiste établie à Orford (Québec) depuis 2018. À travers une pratique qui allie photographie, performance et installation, elle explore l’écologie personnelle et le lien au territoire en documentant les transformations intimes et environnementales qui l’entourent. Son travail a été présenté au Musée national des beaux-arts du Québec, à la Galerie B-312, au Musée Colby-Curtis et à la Fondation Guido Molinari. Engagée dans sa communauté, elle fonde Les Encans de la quarantaine en 2020 et s’implique au sein de la Grande mobilisation pour les arts au Québec depuis 2024. saraatremblay.com
Diplômée en histoire de l’art de l’Université de Montréal et en études curatoriales de l’Université de Toronto, Charlotte Lalou Rousseau est habitée par la réconciliation du fond et de la forme. En tant que commissaire indépendante, elle a signé l’exposition The Time it Takes d’Emma Waltraud Howes (Musée d’art de Joliette, 2024). Ses textes sont parus dans les revues Le Sabord, Esse et Spirale. Elle conjugue ses pratiques de commissariat, de critique et d’écriture en poursuivant une maîtrise en traduction.