[Automne 2025]
Perles de vie très pures
par Sara Knelman
[EXTRAIT]
“Moths that fly by day are not properly to be
called moths; they do not excite that pleasant sense
of dark autumn nights and ivy-blossom which
the commonest yellow underwing asleep in the
shadow of the curtain never fails to rouse in us.”
— Virginia Woolf, “The Death of the Moth”
Un jour de 1941, Virginia Woolf voit une phalène voleter sur un carreau de fenêtre, d’abord allègrement, puis désespérément. Au fil du temps, ses mouvements ralentissent, tandis que Woolf travaille, jetant de temps en temps un coup d’œil depuis son bureau. Le papillon finit par tomber de son mince rebord de fenêtre, battant l’air, impuissant, sur le dos ; puis, dans un effort héroïque, il se redresse dans un ultime acte d’existence, avant de s’abandonner à sa propre mort. La nouvelle de Woolf, écrite dans les mois précédant son suicide, est une brève et poignante observation de la vie et la mort. Mais plus qu’une chronique des derniers moments d’un être vivant, c’est un appel à prêter attention non uniquement aux étincelles qui captent notre regard, aux feux d’artifice et aux miroirs scintillants, mais aussi aux modestes détails que nous laisserions normalement passer sans les remarquer, aux choses que nous croisons quotidiennement sans même les voir, aux minuscules bulles de vie évanescentes qui nous entourent à chaque instant. Et pas seulement à s’y arrêter, mais à s’émerveiller face à ce que Woolf appelait ces « perles de vie très pures ».
[…]
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 130 – PLANTES ET JARDINS ]
[ L’article complet en version numérique est disponible ici : Perles de vie très pures]
Sara Angelucci est une artiste torontoise œuvrant en image et audio. Elle s’inspire de l’histoire de la photographie et des thématiques naturelles et sociales, portant une attention particulière aux conditions du travail féminin à travers les époques. Diplômée de l’Université de Guelph et du Collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse, elle a présenté son travail à travers le Canada, notamment au Mois de la Photo à Montréal et à VU à Québec; des expositions individuelles lui ont également été consacrées en Europe, en Chine et aux États-Unis. Elle est formatrice en photographie à l’Université métropolitaine de Toronto. Elle est représentée par la Stephen Bulger Gallery. www.sara-angelucci.ca
Sara Knelman est écrivaine, conservatrice et enseignante. Elle a occupé plusieurs postes de direction et de conservation dans d’importants musées, notamment celui de conservatrice de l’art contemporain au Musée des beaux-arts de Hamilton, et a été éditrice de C Magazine. Dans son récent livre Lady Readers (Ottoby Press, 2024), elle explore sa collection de photographies trouvées représentant des femmes lisant. Elle a écrit sur l’art et la photographie pour 1000 Words, Aperture, Canadian Art, Frieze, Prefix Photo et Source: The Photographic Review, en plus de contribuer à de nombreux ouvrages. Elle vit à Toronto.