Science/Fiction, une non-histoire des Plantes – Bénédicte Ramade

Le temps des plantes
by Bénédicte Ramade

[EXTRAIT]

La Maison européenne de la photographie (MEP) à Paris témoigne, avec Science/Fiction, une non-histoire des Plantes, du tournant végé­tal qui agite le monde culturel depuis dix ans, déviant les préconceptions du public pour cette part du vivant. Alimentée par les ex­­­­plorations scientifiques des génies botaniques, la reconnaissance des intelligences complexes de ces résolument « plus-qu’humaines » convoque la photographie et son histoire technique autant que l’image animée par l’intelligence artificielle générative (IAG) pour renouveler l’imaginaire botanique.
Les publications sur les plantes ne se comptent plus dans le domaine scientifique des dernières années. La cécité botanique – concept énoncé en 1999 par Elisabeth E. Schussler et James H. Wandersee – a apparemment enfin cessé. L’hyper-altérité des plantes en a fait des plus-qu’humaines dans les récents récits de l’Anthropocène, soulignant leur régime de vie distinctif lié à l’auto­trophie qui leur permet directement de se nourrir de l’énergie solaire. Désormais, le végétal peut jouir d’une attention approfondie de ses compétences et de ses prouesses après avoir été relégué trop longtemps au cadre limitant du végétatif. Seules les fleurs s’en étaient plutôt bien sorties jusque-là, s’appuyant sur leurs atours avantageux. Depuis le début du 21e siècle, le tournant végétal (plant turn, dans les sphères universitaires anglo-saxonnes) est en marche. « Le développement exponentiel de l’écologie nous a obligé à comprendre autrement, et sans doute mieux, le règne végétal et son interaction avec le reste du monde », pointe Quentin Hiernaux.

[ Complete issue, in print and digital version, available here: Ciel variable 129 – D’UN CONTINENT À L’AUTRE ]
[ Complete article in digital version available here: Science/Fiction, une non-histoire des Plantes]


Bénédicte Ramade est historienne de l’art, enseignante, commissaire et chercheuse. Spécialisée sur les enjeux environnementaux dans les pratiques artistiques historiques et actuelles, elle a développé depuis une dizaine d’années une expertise des approches du végétal (déjardinage, plantes invasives, hospitalités botaniques et féralité). Sa plus récente exposition, consacrée au projet de jardin et de peinture de David Lafrance, Huit saisons, s’est tenue à la salle Alfred-Pellan de la Maison des arts de Laval en 2024–2025.