[14 avril 2021]
« Certaines images peuvent encore nourrir nos imaginaires autrement qu’avec des désirs de consommation ! » clame Valérie Jouve, ancienne récipiendaire du prix Niépce. « L’image est une lampe torche inventive braquée sur un sujet », décrit pour sa part Charlotte Abramow, dont le compte Instagram affiche 200 000 abonnés. Yael Burstein se dit « enchantée par [l]a faculté [de la photographie] à englober le regardeur », alors que Joana Choumali, prix Pictet en 2019, aime « pousser les limites du médium, de l’associer à d’autres techniques ». Elles sont ainsi une trentaine de photographes, dont la Québécoise Jocelyne Alloucherie, à s’exprimer sur le site web Elles x Paris Photo. Depuis cinq mois, et jusqu’à sa prochaine édition en novembre (si tout va bien), la foire parisienne garde sa pertinence par ce « parcours dédié aux femmes photographes » (et aux galeries qui les représentent), riche en images et témoignages.
Regard féminin en photographie, qu’est-ce que ça change? « Juger par le prisme du genre peut nous faire aller à l’encontre de ce que nous voulons défendre, répond Valérie Jouve. D’ailleurs, qu’est-ce qu’un regard de femme ? Il n’empêche que les femmes photographes vendent en général moins que les hommes, et nous sommes moins montrées. » « Reconnaître un tel regard revient à réduire les regards individuels à une catégorie de genre, ce qui n’a aucun sens, commente Anna Malagrida. Mais j’entends les mots – féminin et masculin – comme deux opposés faisant apparaître un espace qui n’est pas vide, mais fait de subtilités. »