Photographie contemporaine en Pologne – Amélie Laurence Fortin

[Automne 2025]

Un nuage rose dans un ciel gris
par Amélie Laurence Fortin

[EXTRAIT]

« Nous ne sommes pas neutres dans nos choix,
nous sommes aussi vulnérables et sensibles aux
effets de l’image que n’importe quelle autre personne. »

— Kamila Bondar et Łukasz Rusznica

Introduite par un court texte sur le défi de la subjectivité et de l’importance de regarder, Oczy moje zwodzą pszczoły [Mes yeux trompent les abeilles] était une exposition de photographies regroupant quarante-six artistes et collectifs polonais déployée dans huit salles du Centre d’art contemporain du château Ujazdowski (CCA). Les commissaires Kamila Bondar, directrice intérimaire du musée pendant la transition politique (2024–2025) et directrice de la collection d’art de la Banque ING, et le photographe Łukasz Rusznica, ont choisi, pour ce premier regard d’ensemble à Varsovie depuis New Phenomena in Polish Photography since 2000 (CCA, 2012), l’approche des affects et de la non-linéarité au lieu du modèle attendu, accompagné d’une publication.

Dès ses débuts, l’histoire de la photographie polonaise a été façonnée, dans une large mesure, par les conditions politiques du pays. Au cours de la seconde moitié du 20e siècle, la politique culturelle était suffisamment libérale pour permettre l’existence de formes d’art indépendantes, ce qui a constitué une base solide pour la création. Les artistes ont résisté aux exigences de l’État en matière de réalisme artistique en s’appuyant sur les avant-gardes et en développant ce qu’on a nommé néo-avant-garde, courant adopté par une proportion significative de photographes. Cela a permis l’émergence de pratiques en photographie, cinéma, vidéo et performance, fondatrices d’une approche multidisciplinaire de la photographie. Parmi ces artistes historiquement incontournables, citons les groupes Zero-61, cofondé par Józef Robakowski, Warsztat Formy Filmowej (The Film Form Studio), associé à l’école de cinéma de Łódź et dont l’influence s’étend jusqu’à aujourd’hui, et Łódź Kaliska, connu pour le mélange de grotesque et d’une esthétique propre à la photographie commerciale, mais aussi des gens faisant dans le multimédia (Tadeusz Kantor, Wiesław Borowski, Janusz Bakowski, Ireneusz Pierzgalski), dans la photographie sociologique (Zofia Rydet, Andrzej Batura, Anna Bohdziewicz) ou encore Katarzyna Kozyra, dont l’émergence est plus récente, qui utilise la photographie pour aborder le corps et sa destruction. La photographie polonaise du 20e siècle, dans ces processus expérimentaux de formulation identitaire, s’est développée aux côtés d’un grand nombre de photojournalistes qui traitaient de l’occupation soviétique et des mouvements de résistance.

[…]

[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 130 – PLANTES ET JARDINS ]
[ L’article complet en version numérique est disponible ici : TITRE ARTICLE]


Artiste interdisciplinaire, programmatrice et autrice, Amélie Laurence Fortin vit et travaille entre le Canada et la Pologne. À travers ses installations, sculptures et œuvres sonores, elle crée des récits futuristes, dans lesquels les objets sont les témoins des actions passées ou futures. Ses derniers projets se veulent l’occasion d’interroger les bouleversements technologiques actuels par le biais d’une approche de recherche formelle performative.