3e Biennale des photographes du monde arabe contemporain. Regards sur le Liban, l’Égypte et le Maroc – Claudia Polledri

[Été 2020]

Par Claudia Polledri

Paris accueillait en 2019 la troisième édition de la Biennale des photographes du monde arabe contemporain1 sous le commissariat de Gabriel Bauret. Initiée en 2015 à l’initiative conjointe de l’Institut du monde arabe (IMA) et de la Maison européenne de la photographie (MEP), cette manifestation a le grand mérite de mettre en valeur l’œuvre d’artistes souvent difficile d’accès et généralement peu présente dans les manifestations internationales. Aux institutions principales qui accueillent les expositions phares de la Biennale, la MEP, avec la rétrospective dédiée à l’Anglo-Marocain Hassan Hajjaj, et l’IMA, avec Liban : réalités & fictions réalisée par Gabriel Bauret et Hanna Boghanim, s’ajoutent sept autres lieux d’exposition entre centres d’art et galeries. Parmi ceux-ci, on signale la Cité internationale des arts qui a accueilli, malheureusement pour une durée trop limitée2, l’exposition collective Hakawi/Récits d’une Égypte contemporaine de Diane Augier et Bruno Boudjelal, ainsi que la Mairie du 4e arrondissement qui a ouvert ses salles au travail de la photographe franco-algérienne Lynn S.K., intitulé Aller, Retour. À ce corpus d’expositions, cœur de la Biennale, s’ajoute un ensemble de cinq galeries3 qui ont aussi adhéré à la manifestation.

Malgré l’ampleur de l’offre artistique, il ne faudra pas attendre de cet événement une cartographie exhaustive de la création contemporaine issue de cette zone du monde, propos peut-être trop prétentieux. L’itinéraire réunit en effet une multiplicité de regards, où l’œuvre de photographes demeurant dans la région et de ceux issus de la diaspora s’accompagne de projets réalisés par des photographes d’autre provenance, mais qui ont trouvé dans cet espace géographique le cadre pour leurs projets. Il en résulte un ensemble hétérogène rassemblant des œuvres très engagées et sensiblement proches de la réalité sociale et politique, et d’autres, axées davantage sur une recherche esthétique. À cette variété d’approches s’ajoute la référence à une région très vaste et complexe, nullement homogène, malgré ce que le label du « monde arabe », uniforme et efficace, pourrait évoquer. C’est donc en se focalisant sur la photographie, en mesurant le lien qu’elle entretient avec le réel et l’angle choisi pour le représenter que le spectateur pourra récupérer la complexité de l’espace culturel et géographique convoqué et se rendre compte des différents regards dont le « monde arabe » fait l’objet…
 

Suite de l’article et autres images dans le magazine : Ciel variable 115 – LA MARCHE DU MONDE

 

1 La manifestation a eu lieu officiellement entre le 11 septembre et le 1er décembre 2019. Il faut toutefois préciser que les expositions ont eu des durées variables.
2 L’exposition a été présentée du 11 au 28 septembre 2019.
3 Galerie Agathe Gaillard, Galerie Clémentine de la Féronnière, Graine de photographe, Galerie XII et Galerie Basia Embiricos.