Alexis Desgagnés, Ammoniaque — Ève Dorais

[Automne 2021]

Montréal, Les Éditions du Renard, 2021, non paginé

Par Ève Dorais

[Extrait]
Un article de Robert Shore dans la revue Elephant1, consacrée à la photographie, remarque que dans les dernières décennies, la photographie s’est évertuée à affirmer sa propre matérialité. En effet, les artistes ont trouvé toutes sortes d’astuces pour faire valoir la matérialité du médium, en intervenant sur la surface de la pellicule ou encore en peignant, en dessinant, en trouant, en brodant la surface du papier portant l’image imprimée, affirmant ainsi la primauté de la signature artistique du photographe sur le sujet du monde capturé par l’appareil. Cela serait une réaction à la surenchère d’images photographiques de notre médiasphère2. Dans cette optique, une approche résolument documentaire en photographie est­-elle toujours pertinente ? Le livre photographique d’Alexis Desgagnés, Ammoniaque, réunit ces deux approches avec finesse. Il réitère l’importance du sujet et de la prise de vue, tout en affirmant la matérialité de la photographie, notamment par l’utilisation d’appareils analogiques et de pellicules photosensibles3, et en réifiant les images sous la forme du livre plutôt que par l’exposition. Émerge alors un objet intime, palpable, qui accompagne le lecteur-­regardeur dans sa vie quotidienne…

 

Suite de l’article et autres images dans le magazine : Ciel variable 118 – EXPOSER LA PHOTO