[Automne 2021]
Film documentaire, 2021 85 minutes, français et créole haïtien
Par André Lavoie
[Extrait]
On dit de la vérité qu’elle est la première victime de la guerre. N’est-ce pas inévitable dans la mesure où ceux qui la mènent s’appuient souvent sur des mensonges et se nourrissent de propagande pour justifier sa nécessité ?
La guerre est aussi affaire de mise en scène – ne parle-t-on pas du théâtre des opérations ? L’artiste montréalais Emanuel Licha explore depuis un bon moment cet aspect, mais dans une démarche ni tapageuse ni spectaculaire. Qu’il opte pour la photographie, la vidéo, l’installation, et de plus en plus le cinéma documentaire, Licha scrute surtout ses représentations : à travers le filtre des médias (War Tourist, 2004– 2008), dans ses formes architecturales (R for Real, 2008) ou celles des intérieurs aseptisés cherchant à camoufler les horreurs du passé (Hotel Machine, 2016).
Il semble s’éloigner de ces préoccupations et d’une pratique plus formaliste, optant pour la linéarité du cinéma dans zo reken, plongeant dans un pays en proie aux soubresauts de l’Histoire, et à ceux d’un sol instable, propice aux tremblements de terre. En fait, jamais les nombreux protagonistes de ce film ne parlent d’Haïti avec lyrisme. Pour eux, « la perle des Antilles » est surtout le symbole d’un chaos ambiant, tous épuisés de vivre dans ce « pays de stress », surtout sa capitale, Port-au-Prince…
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