[Hiver 1991]
par Fred Bruemmer
Depuis presque 40 ans, Michel Gravel vit et photographie l’histoire du Québec. Ses débuts, il les a faits en 1954, sur la scène de l’actualité sportive.
Aux compétitions sportives, il rencontre des photographes de presse et s’intègre peu à peu au milieu des quotidiens montréalais. Pigiste au Devoir, au Toronto Star et à The Gazette, il entre au service de ce dernier journal en 1959. En 1965, il est embauché à La Presse, où il se distingue par son point de vue unique et très personnel sur l’actualité.
Il participe à plusieurs grands reportages, notamment sur les voyages en Amérique des papes Paul VI et Jean-Paul II, l’Expo 67, la visite de De Gaulle au Québec ainsi que les jeux olympiques à Montréal et Lake Placid. En 1973, il se retrouve au Vietnam où il fait des photos dramatiques et profondément humaines.
Ses photos reflètent les moments les plus mémorables des dernières trente années et son expérience en photojournalisme lui apporte de nombreuses offres à enseigner. En plus de son travail quotidien à La Presse, il partage ses connaissances en donnant des cours intensifs et des ateliers dans différents cégeps et associations professionnelles.
Depuis ses débuts, il a vu de grands changements dans le métier de photographe d’actualités. Il a passé de l’appareil 4×5 à plaques au 35mm. Auparavant la technique était plus difficile à maîtriser, les films étaient moins sensibles, mais les gens qu’il photographiait étaient plus affables, plus courtois; ils étaient heureux d’avoir la présence d’un photographe parmi eux. Aujourd’hui la technique n’est plus un problème ; c’est l’accès à l’événement et aux gens qui est plus difficile. Tous connaissent le pouvoir de l’image, les uns veulent l’éviter, d’autres cherchent à en profiter. Il y a toujours les porte-parole, les agents d’information, les accréditations, les restrictions. Malgré ces difficultés typiques de la société contemporaine, Gravel persiste à utiliser son appareil photographique comme miroir de la vie de tous les jours.