[Hiver 1991]
par Jean-Pierre Boyer
Dans ce numéro spécial de Ciel Variable, consacré à la « brassée » 1991 du deuxième concours de photographie Belle Gueule, se dessine une sorte de tradition contemporaine…confirmant l’existence d’une solide photographie d’auteur inscrite dans le sillage des oeuvres classiques et l’émergence d’une photographie sans filet… explorant d’emblée les continents de la pratique photographique dans tous ses états… seconds et tiers inclus.
Les quelque soixante portfolios que nous avons reçus cette année sont également l’indice que la photographie est encore bien vivante, persiste et signe… dans le Québec en devenir. Quelle soit autobiographique, documentaire, de reportage, conceptuelle ou expérimentale, cette photographie témoigne tout autant d’une quête personnelle de sens que d’une volonté d’engagement social, autant d’un désir de capter les instants privilégiés de la vie réelle que d’en réinventer radicalement les cadres de référence. Car, en définitive, ces photographies nous donnent à voir comment les créateurs respirent… et investissent dans la matière de ces surfaces sensibles toute l’intentionnalité de leur rapport aux êtres, aux choses, ainsi qu’au monde complexe que nous façonnons collectivement.
Mais trêve de photosophie… il aura bien fallu tout de même que notre jury, formé entre autres des trois gagnant-es de l’an dernier, se résigne à faire un choix parmi les portfolios reçus. Une opération toujours un peu déchirante et non exempte d’hésitations voire de retournements, mais au total plutôt réussie et finalement satisfaisante, du moins nous l’espérons. Aussi, tout comme nous l’avions fait dans notre numéro 14 pour Roméo Gariépy, nous avons voulu souligner ici la contribution exceptionnelle du photographe de presse Michel Gravel qui, pendant près de quarante ans, s’est efforcé de rendre compte, par ses images, des cocasseries et des misères dont il fut le témoin privilégié dans l’exercice quotidien de son métier. Nous le remercions chaleureusement.
Enfin, nous tenons à féliciter nos grands gagnants ainsi que les trois autres photographes dont la qualité de l’oeuvre justifiait une mention spéciale. Nous voulons aussi remercier très sincèrement tous ceux et celles qui, par leur participation à ce deuxième concours, nous encouragent à poursuivre cette tâche difficile et périlleuse… de diffuser plus largement une photographie toujours vivante dans le Québec des années 90.
Qu’on nous permette, en terminant, de rappeler à nos lecteurs et sympathisants, l’importance sinon l’urgence… de renouveler leur abonnement, car il en va de l’avenir même de Ciel Variable, indispensable manifeste du temps.
MENTIONS SPÉCIALES : Bertrand Carrière et Jean Lagacé