[Été 1995]
Galerie Dazibao
Du 1er au 30 avril 1995
L’idée de coupler nature et corps humain n’est pas nouvelle en art mais demeure néanmoins un sujet inépuisable et attirant. Dans les photographies de Mireille Laguë présentées chez Dazibao, les corps envahissent l’environnement, offrant, par superposition d’images, une représentation difforme, floue et énigmatique. (Re)cadrer le corps réel va à l’encontre d’une certaine photographie du paysage du XIXe siècle qui magnifiait une nature théâtrale dans laquelle l’individu pouvait difficilement avoir accès. Quoique l’effet ne soit pas toujours convaincant, on comprendra chez Laguë un corps baignant dans une nature mouvante alléguant ainsi un rapport de confrontation.
L’exposition comporte un côté didactique : des textes et de petites photos d’archives (une initiative de la commissaire) accompagnent les photographies au long format vertical. En comparant le traditionnel et le contemporain, le procédé prétend à une meilleure compréhension des enjeux culturels et d’une certaine forme d’autorité liés à l’esthétique paysagiste du XIXe siècle. Dans le fascicule d’accompagnement, Andrea Kunard insiste sur cette dimension historique des clichés de paysages. Certes les informations suscitent de l’intérêt ; mais ce texte « à thèse », allié à une forme de montage en triptyque, alourdit l’exposition de manière présomptueuse et gêne une perception intuitive des images de la photographe. Au point que l’on ne sait plus très bien lequel, du travail de la commissaire ou de celui de l’artiste, cautionne l’autre.