[Automne 2009]
Hans-Peter Feldmann est déjà une figure dominante de l’art conceptuel allemand à la fin des années 1960, au moment où il commence à réaliser des travaux fondés sur la reproduction d’images déjà reproduites en série, sans commentaire ni légende. Feldmann est aussi associé à la création du magazine Ohio (1995), caractérisé par la publication de séries d’images de sources non artistiques, là aussi sans commentaire.
C’est dans les années 1970 qu’il conçoit le projet de publier le double d’un magazine qui ne reprendrait que ses images, en effaçant tout son contenu textuel. Feldmann ne réussit cependant à obtenir l’accord d’aucune publication pour ce faire, jusqu’à ce que museum in progress s’associe à lui et réussisse à convaincre profil, une revue d’actualité autrichienne, de participer au projet. L’hebdomadaire n’en était pas à sa première collaboration avec museum in progress. Déjà, il avait consacré une double page de tous ses numéros des années 1995 et 1996 à la présentation du travail de douze artistes contemporains participant à l’exposition Travelling Eye des commissaires Stella Rollig et Hans Ulrich Obrist.
Produit au moyen de la maquette de profil du 7 février 2000, de laquelle il avait supprimé tout le contenu textuel, y compris les publicités et les autres types d’illustrations, profil without words est un extrait visuel des affaires courantes, tant politiques, économiques que culturelles, telles que transmises par un magazine d’actualité. profil without words est une sorte de ready-made, un objet médiatique transformé en œuvre d’art par des procédés d’ap- propriation et d’extraction. En conservant le format, la mise en pages et la relation entre les images du magazine original, Feldmann fait parler les images par elles-mêmes et révèle une mise en forme propre au matériau visuel.
En préparation depuis un long moment et planifié pour la fin de février 2000, la parution de profil without words a été devancée en raison de la situation politique que provoqua alors en Autriche l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.
museum in progress
museum in progress, une association artistique sans but lucratif privée fondée en 1990, s’est donné le mandat d’élaborer de nouveaux modes de présentation de l’art contemporain, et ce, en favorisant la coopération entre les domaines des affaires, des médias et des arts. Se spécialisant dans l’utilisation des plateformes médiatiques, l’association a initié de nombreux projets artistiques, infiltrant successivement les espaces propres aux médias imprimés, aux télécommunications et au monde de la publicité, avec l’objectif d’élargir le public de l’art. Les projets de museum in progress prennent toujours en compte le contexte de leur insertion et le format des médias sélectionnés et sont réalisés sur une base temporaire. La liberté artistique et l’indépendance politique sont essentiels au fonctionnement de cet organisme, qui s’assure de sa marge de manœuvre en négociant des ententes strictes et précises avec ses nombreux partenaires. Les projets soutenus par museum in progress sont facilités par sa proximité avec le groupe de commanditaires artpool, formé de compagnies internationales qui appuient l’art contemporain et défendent la liberté artistique. [www.mip.at/]
Artiste conceptuel allemand, Hans-Peter Feldmann est perçu comme un précurseur du courant de l’art d’appropriation popularisé dans les années 1980. Il produit depuis ses débuts des œuvres utilisant des objets trouvés ou de photographies récupérées, issues de journaux ou achetées dans des marchés aux puces. Auteur de nombreux livres d’artiste, il réfléchit par sa pratique aux enjeux de l’originalité et de la copie, de l’unicité et du multiple. 272 pages, une importante exposition organisée par la Fondation Antoni Tapies, lui a été dédiée en 2002, suivie en 2003 d’une grande rétrospective que lui a consacrée le musée Ludwig à Cologne. Hans-Peter Feldmann est né en 1941 à Dusseldorf, son lieu de travail et de résidence actuel. Il est représenté par la 303 Gallery à New York.