Stephen Gill, Gill et les oiseaux : une déontologie photographique — Alexis Desgagnés

[Hiver 2020]

Par Alexis Desgagnés

[Extrait]
Au seuil de mon adolescence, ma première passion a été d’observer les oiseaux. Combien d’heures ai-je passé, jumelles au cou, à marcher lentement, silencieusement, dans les bois et les friches, à l’affût du moindre merle ! Lorsque j’avais treize ans, un appareil photo offert par ma belle-mère est venu remplacer les jumelles, faisant lentement bifurquer mon destin de l’ornithologie vers l’art. Je me souviens encore de l’étonnement qu’ont suscité en moi mes premières photographies, d’oiseaux, il va de soi. Pris avec un objectif 50 mm, ces derniers n’étaient que des points indistincts dans de vastes paysages. Rapidement, la déception que m’ont inspirée ces piètres images a fait place à un questionnement, qui me semble aujourd’hui à l’origine de mes réflexions sur l’art : comment photographier les oiseaux ?

En filigrane de cette question, des plus simples en apparence, qu’il m’était tentant de solutionner par des évidences techniques (raffiner l’approche du sujet, utiliser un téléobjectif), s’inscrivait intuitivement une interrogation fondamentale, principielle, me révélant la grande proximité qui existe entre l’ornithologie et la photographie. Qu’est-ce qu’observer ? Quelle relation noue la subjectivité de celui qui observe à l’objectivité de ce qui est observé ? Qu’est-ce que le regard ? Qu’est-ce qu’un point de vue ? Des années plus tard, j’ai trouvé des échos de ces préoccupations dans les livres du photographe anglais Stephen Gill, notamment dans The Pillar, récompensé du Prix du livre d’auteur aux Rencontres d’Arles en 2019…

 

[Suite de l’article et autres images dans les versions imprimée et numérique du magazine. En vente partout au Canada jusqu’au 12 juin 2020 et sur notre boutique en ligne.]

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