[Été 2023]
L’intime, c’est là où s’opèrent tout d’abord l’expérimentation et l’affirmation de sa propre identité, un enjeu existentiel qui se joue essentiellement de soi à soi. Dans le même temps, une telle identification ne peut advenir qu’en interrelation avec des personnes proches avec qui l’on se reconnaît de fortes affinités. L’identité est aussi une relation avec l’autre : celui que l’on découvre, celui que l’on choisit ; celui chez qui l’on se reconnaît, celui dans lequel on se projette. Et, dans un troisième temps, l’identité est également une différence. Ce que l’on n’est pas, la norme que l’on refuse, l’altérité que l’on revendique, la distance que l’on prend vis- à-vis de certaines formes d’existence. Il ne s’agit pas d’un rejet, l’autre existe de plein droit, mais il n’est simplement pas ce que nous sommes, il ne soulève aucune résonance dans notre univers intime.
EVERGON
Théâtres de l’intime
L’œuvre entière d’Evergon déploie un théâtre de relations, de désirs et de pulsions intimes aux échos très personnels, qui ont valeur pour toute une communauté. Une expérimentation constante du médium photographique, le jeu sur la persona et une relecture des canons de l’histoire de l’art se conjuguent dans la recherche d’une esthétique qui s’o re comme la représentation d’un vécu et d’un regard autres. Grands tableaux allégoriques, autoportraits, paysages, collages de fragments et d’images, assemblages sculpturaux, ainsi qu’une forte présence de la mère de l’artiste, recomposent un univers fantasmagorique explorant et légitimant toutes les nuances et richesses de la culture homosexuelle.
avec un essai de Nathalie Côté
RAYMONDE APRIL
Traversée
Traversée offre un retour sur les débuts du parcours de Raymonde April, au moment où se sont mises en place les prémisses d’un engagement esthétique qui s’affirmera tout au long de sa vie. C’est l’occasion d’une plongée dans une multitude d’images qui narrent les premières recherches esthétiques, les amitiés nouvelles, les engagements initiaux fondés sur des affinités, les positionnements qui deviendront décisifs. L’atelier, les lieux domestiques et le paysage sont les fonds de scène de ces images qui narrent une traversée esthétique et relationnelle portée par l’artiste de Rivière-du-Loup jusqu’à Mumbai, en passant par Québec, Montréal et beau- coup d’autres lieux.
avec un essai de Pierre Dessureault
MICHÈLE PEARSON CLARKE
Black Queer Masculinity
Deux œuvres aux antipodes de Michèle Pearson Clarke se rejoignent dans la mise en scène d’un même état de vulnérabilité face à la difficulté d’assumer une masculinité queer. La série de grands autoportraits montre cette identité sur un mode affirmatif et ludique tout à la fois. Les signes de féminité et de masculinité s’y juxtaposent, témoignant de l’ambiguïté et du trouble intime qu’il faut d’abord affronter en soi-même. Par opposition, l’union chorale enregistrée dans une vidéo permet de trouver un écho à sa propre réalité, d’amadouer sa fragilité et de développer une force pour faire entendre sa voix.
avec un essai de Dayna McLeod
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 123 – LE POUVOIR DE L’INTIME ]
[ L’article complet et plus d’images, en version numérique, sont disponibles ici : Le pouvoir de l’intime ]