[Été 2019]
Trois expositions récentes nous offrent l’occasion de jeter un regard inusité sur l’acte de collectionner. Serge Clément présente, avec Archipel, la collection de tous les livres photographiques qu’il a conçus, livres que l’on peut comprendre comme des mises en séquence de collections de ses propres images. Bertrand Carrière plonge dans la collection de la Cinémathèque québécoise en s’intéressant au film noir dont il extrait des images-types tout en explorant les jeux de temporalités propres au fondu enchaîné. Enfin, la collection Lazare représente un exemple assez rare d’une collection rassemblée patiemment au fil des ans pour refléter une vision teintée de mélancolie sur un monde en difficultés.
BERTRAND CARRIÈRE
Tout ceci est impossible
Le projet de Bertrand Carrière résulte d’une résidence de travail dans la collection de films de la Cinémathèque québécoise. En s’inspirant de sa précédente série Images-temps (1997–2000), Carrière explore ici tout particulièrement l’univers du film noir en se focalisant notamment sur le fondu enchaîné, ce procédé emblématique des juxtapositions temporelles propre au cinéma. Il en résulte une série de bandes-séquences, ses Images noires, qu’il met en contraste avec des images couleur de films noirs, ses Écrans lumineux, qui trouent la noirceur.
Avec un essai de Sylvain Campeau
SERGE CLÉMENT
Archipel
Le projet Archipel – à la fois une série photographique, une exposition et une publication – fait un retour sur la place centrale que le livre photographique occupe dans la pratique de Serge Clément. Le livre est pour lui le support privilégié d’une exploration de la dimension narrative des images. L’artiste redéploie ici, en une sorte de « collection des collections », l’ensemble des livres photographiques qu’il a lui-même conçus, auquel il conjugue, sous le titre d’Archipel, une nouvelle mise en séquence d’images déjà publiées.
Avec un essai de Alexis Desgagnés
COLLECTION LAZARE
États d’âmes, esprit des lieux
Le don par le collectionneur Jack Lazare d’une trentaine de photographies au Musée des beaux-arts de Montréal était l’occasion parfaite de mettre en valeur la sensibilité si particulière d’une collection personnelle qui reflète une vision du monde teintée de mélancolie. Les œuvres de Julia Margaret Cameron sont emblématiques de l’état d’âme qui habite les portraits de cette exposition. Cet état d’esprit est mis en résonance avec des paysages et des espaces urbains rendant compte de façon souvent critique de l’état actuel de notre société.
Avec un essai de Colette Tougas