Rejouer le vivant – Amélie Giguère

[Été 2021]

Rejouer le vivant.
Les reenactments, des pratiques culturelles et artistiques (in)actuelles
Anne Bénichou
Dijon, Les presses du réel, 2020, 421 p.

Par Amélie Giguère

[Extrait]
Après avoir dirigé deux ouvrages aux Presses du réel sur la documentation dans les arts visuels, puis sur la transmission des œuvres performatives et chorégraphiques1, Anne Bénichou se commet cette fois seule et poursuit sa réflexion sur les pratiques qui « rejouent le vivant ». En resserrant son objet d’étude autour du « reenactment2 », mais en découpant ses contours au-delà de la danse et de la performance, l’auteure interroge ses mécanismes, ses dimensions esthétiques, mais également ludiques, éthiques et politiques. Elle propose de privilégier une « acception affective, anachronique, démocratique et dialectique » (p. 14) du reenactment à travers des notions clés plutôt inédites, comme celles de répertoire, d’intermédialité ou de « milieu de mémoire ».

Organisé en trois parties, l’ouvrage se structure autour de cas généralement déjà bien documentés dans les médias ou dans la littérature scientifique. Ils tiennent de pratiques amatrices ou professionnelles, artistiques ou plus largement culturelles, et appartiennent aux domaines de l’histoire et des arts vivants, mais également de la télévision, du cinéma et des univers virtuels.

On pourrait hésiter à reconnaître, comme relevant d’un même phénomène, une téléréalité historique (dans Le lot du diable, des participants rejouent au petit écran la colonisation de l’Abitibi-Témiscamingue) et une œuvre de danse (dans Archive, le chorégraphe israélien Arkadi Zaides reprend devant public les gestes de compatriotes captés sur des vidéos palestiniennes citoyennes en territoire occupé). Mais dans l’ensemble, la démarche est plutôt convaincante…

 

Suite de l’article et autres images dans le magazine : Ciel variable 117 – DÉCALÉ