Érika Nimis, Mutants — Christian Roy

[Automne 2021]

Centre des arts actuels Skol
6.03.2021 — 10.04.2021

Par Christian Roy

[Extrait]
Historienne de l’Afrique et de sa tradition photographique, dont elle a souvent traité dans Ciel variable, Érika Nimis poursuit également une pratique de l’essai photographique, sur les traces de lieux et d’objets à l’abandon. Le corpus exposé au centre Skol relève d’un télescopage de ces deux démarches — documentaire et artistique —, en marge d’une étude des palimpsestes urbains de Dakar. Déambulant en 2017 sur l’île de Gorée, au large de la capitale sénégalaise, elle trouva échouée près du rivage une étagère de bureau ren­versée, dégorgeant de vieux documents administratifs à l’en­tête surréaliste d’« Université des Mutants ».

Ce titre de science­-fiction lança Nimis sur la piste d’une institution bien réelle, dont les anciens bâtiments demeurent abandonnés depuis sa dissolution en 2005. Fondée en 1979 à l’initiative de Léopold Sédar Senghor et de Roger Garaudy et avec l’appui de l’ONU, elle ambitionnait de transmuer la mémoire du site, inscrit l’année précédente au patrimoine mondial de l’UNESCO comme relais de la traite négrière. L’Université des Mutants se voulait un rendez­vous intercontinental de recherche d’alter­ natives endogènes au développement aliénant porté par l’Occident…

 

Suite de l’article et autres images dans le magazine : Ciel variable 118 – EXPOSER LA PHOTO