Luther Konadu, Portraiture en gestuelles — Nicolas Mavrikakis

[Été 2022]

Par Nicolas Mavrikakis

SBC galerie d’art contemporain, Montréal
4.11.2021 — 18.12.2021

[Extrait]
Quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, la photographie continue d’avoir auprès d’un large public une aura de vérité. Ce statut d’autorité de la photo, quant à sa possibilité à capturer la réalité, construction historique héritée du 19e siècle, est un cliché persistant. Les théoriciens de l’image, les enseignants, ainsi que les médias s’adressant à un large public, tous ont beau mettre en garde les citoyens contre les effets de réalisme de l’image photo, rien n’y fait. L’idée, tenace, que la photographie montrerait la réalité, continue ses effets ravageurs de renforcement de la crédulité des individus. Nous savons pourtant comment des politiciens de tout acabit ont manipulé et manipulent les photos. Nous savons tous aussi comment le domaine de la publicité trafique les images. Et nous sommes tous au courant que ce magouillage des images est encore plus facile avec les ordinateurs. La photo serait-elle finalement un agent révélateur de la crédulité des humains, spectateurs aussi faciles à tromper que les oiseaux de Zeuxis dans l’Antiquité ? Dans ce contexte – qui mériterait une plus large discussion –, l’exposition Portraiture en gestuelles de Luther Konadu, commissariée par Nasrin Himada, soulevait avec finesse la persistance et surtout l’étonnante fragilité du mensonge de l’image photographique.

Sur les murs du centre d’exposition SBC, des séries de photographies, mises en place comme une installation prenant possession de tout l’espace, donnaient souvent à voir les mêmes personnes. Ces séquences d’images incitaient le visiteur à chercher la différence, on pourrait même dire l’erreur. D’un cas à l’autre, elles dévoilaient des angles de prises de vue légèrement divergents, à peine déplacés. Ces séries montraient aussi des moments à peine distincts, légèrement décalés dans le temps. Pour Konadu, une image ne suffit pas…

[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 120 – FIGURES D’AFFIRMATION ]
[ L’article complet et plus d’images, en version numérique, sont disponibles ici : Luther Konadu, Portraiture en gestuelles — Nicolas Mavrikakis ]