Un magazine qui se consacre à la présentation et à l’analyse des pratiques de la photographie en lien à l’art contemporain, aux nouvelles technologies de l’image et aux enjeux actuels de la culture.
MAU, Plan large, MAP, Intégration – Jacques Doyon, Initiatives institutionnelles
[Été 2009]
par Jacques Doyon
L’art contemporain est présent sur les places publiques de nos villes depuis plusieurs décennies déjà grâce à la mise en place de programmes d’art public. La photographie a longtemps été absente de ces programmes et elle y occupe encore aujourd’hui une place restreinte. Un certain nombre d’initiatives ont toutefois vu le jour ces dernières années qui se démarquent par une volonté d’inscrire la photographie dans l’espace public d’une façon plus durable, tout en préservant un caractère plus ponctuel et événementiel à sa présentation. En cela, ces initiatives se trouvent à mettre à profit la spécificité médiatique de la photographie, en s’enhardissant sur le territoire de la publicité et de l’actualité, et à contribuer à une extension de l’espace d’exposition à la ville.
Créé en 1997, le Musée d’art urbain est au Québec le seul musée consacré à la production et à la diffusion des œuvres d’art à caractère pictural et photographique dans l’environnement urbain. Davantage que de simples expositions, le Musée offre un réseau permanent de sites extérieurs pour lesquels des artistes sont invités à concevoir des œuvres qui iront à la rencontre d’un public nombreux et diversifié. Les structures, conçues par le designer Michel Dallaire, permettent la visibilité des pièces à toute heure du jour et à tout moment de l’année. Ces œuvres imposent une présence qui permet de transformer en véritables espaces d’art public des coins de la ville parmi les plus densément occupés.
Amorcé en 2001, Plan large est un projet qui vise à améliorer l’environnement urbain et la dynamique d’un quartier par la présence de l’art. En investissant des boîtes lumineuses à l’abandon, Plan large détourne de leur fonction première des panneaux publicitaires pour les faire servir de support à des œuvres photographiques de grand format. En investissant des lieux vacants ou des friches industrielles par ses projets in situ, Quartier éphémère cherche à rassembler le public autour de préoccupations communes comme le patrimoine, la mémoire et l’architecture.
Fondé en 2006, le Mouvement Art Public est un organisme à but non lucratif voué à la promotion de la culture actuelle par les moyens de la publicité de masse. Le MAP vise à l’intégration de l’art à l’espace public et à la vie quotidienne par l’utilisation d’espaces publicitaires laissés vacants sur les principaux axes de circulation piétonnière. Les projets d’exposition du MAP comprennent des œuvres en arts visuels, en architecture et en urbanisme traitant d’enjeux sociaux ou environnementaux susceptibles d’intéresser un large public. À terme, le MAP vise à une occupation de 15 % des espaces publicitaires vacants à Montréal.
Les programmes d’art public, de même qu’un certain nombre d’institutions, contribuent à inscrire des œuvres photographiques dans le paysage urbain montréalais. Les projets ambitieux de Nicolas Baier et Lemieux / Pilon / Cantin (illustrés en page 40), qui occupent de larges façades par une transposition de l’image dans des matériaux plus durables, tirent ainsi leur origine ainsi du programme du 1 %. Les œuvres de Roberto Pellegrinuzzi – dont le dispositif évoque le panneau d’affichage et la vitrine de montre – et de Denis Farley – un panneau
affichage en montre pour une durée de trois à cinq ans – ont été produites grâce au bureau d’art public de la Ville de Montréal. Une œuvre de Geneviève Cadieux, extraite de la collection du Musée d’art contemporain, est présentée sur le mode de l’enseigne institutionnelle. Une œuvre d’Isabelle Hayeur, intégrée dans les couloirs souterrains du métro, a été commanditée par le Quartier international de Montréal. Ce ne sont là que quelques exemples d’une intégration durable dans le tissu urbain de la ville.