[Été 2022]
Par Edward Pérez-González
[Extrait]
C’est la tête pleine des éloges lus dans la presse locale – « une expo qui donne froid dans le dos… », « une exposition à glacer le sang… » – que je me suis rendu à l’emplacement temporaire du Musée d’art contemporain de Montréal (MAC), Place Ville Marie, pour voir l’exposition Contagion de la terreur1. Tout au long de ma visite, curiosité et scepticisme se sont entremêlés. Organisée par John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC, avec les commissaires Lesley Johnstone, Geneviève Senécal et Denis Labelle, l’exposition, qui rassemble une installation visuelle et quelques documents audiovisuels produits par le collectif de recherche Forensic Architecture (FA), fournit un espace pour la dénonciation et la réflexion sur l’organisation complexe de la surveillance des masses, des violations des droits de la personne et des actes de violence étatique. Comme le résume le texte de présentation, « Contagion de la terreur raconte l’histoire d’une forme complexe de ciblage numérique visant à faire taire et à éliminer les réseaux de collaboration formés par les personnes faisant l’objet d’une surveillance ».
L’exposition se présente en trois parties. Le parcours commence dans une salle au caractère modeste, à même l’aire d’accueil du « musée », où sont présentées, en alternance, deux vidéos d’animation produites par FA. Malgré les évidentes bonnes intentions de la « scénographie » et l’utilisation de casques d’écoute, l’expérience des projections est parasitée par le bruit ambiant.
Une première vidéo, La disparition forcée des étudiants d’Ayotzinapa, révèle les résultats d’une enquête réalisée en 2014 dans la ville d’Iguala au Mexique. Un groupe d’étudiants y a été attaqué par la police locale, en collusion avec des organisations criminelles et d’autres branches des forces de sécurité mexicaines. L’incident a causé six morts, quarante blessés et la disparition de quarante-trois étudiants, dont le sort reste à ce jour inconnu. La vidéo montre comment FA a réussi, avec la modélisation 3D et d’autres technologies, à produire une plateforme cartographique interactive qui permet de localiser et d’explorer les relations entre les événements, les déplacements, les communications, les attentats et leurs développements…
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 120 – FIGURES D’AFFIRMATION ]
[ L’article complet et plus d’images, en version numérique, sont disponibles ici : Contagion de la terreur. Surveiller la surveillance — Edward Pérez-González ]