[Été 2022]
Par Mona Hakim
Métamorphose du réel
Expression, Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe/Plein sud, centre d’exposition en art actuel à Longueuil/Éditions Loco, 2021, 204 p.
[Extrait]
Voici une publication majeure à caractère monographique du photographe Jocelyn Philibert, couvrant une production de plus de trente ans. On connaît Philibert pour ses photographies de paysages nocturnes centrées essentiellement, pour ne pas dire obsessivement, autour de la figure de l’arbre. Des paysages sur fond d’ébène, saisis au flash et à l’aveugle la nuit venue, dont les fragments d’images numériques sont par la suite fusionnés et remaniés sans que soient décelées les sutures. D’où cette sensation de réalisme et d’étrangeté qui émane de ses nombreuses représentations d’arbres. Dès lors, on ne s’étonnera guère de la place centrale qu’occupe dans le livre cette figure emblématique, incluant les paysages captés le jour de sa plus récente série Au jardin des possibles. C’est sans oublier la production sculpturale et installative des années 1990 de ce sculpteur devenu photographe à partir de 2006. Dans leurs essais respectifs, Marcel Blouin, Bernard Schütze et Valérie Litalien explorent avec justesse les modalités opérantes entre ces deux disciplines dans le parcours de l’artiste.
Les œuvres de cette publication riche en images, qui s’ouvre et se conclut par la sculpture, sont regroupées pour la plupart par séries photographiques sans toutefois respecter un ordre chronologique. Une chronologie qui importe peu à vrai dire alors que, maintenus dans l’obscurité, pommiers, saules, sapins, bosquets et autres arbres sous des viaducs, aux abords d’une route ou d’une rivière semblent appartenir à un même espace-temps. Il faut dire que depuis plusieurs années, Philibert s’installe périodiquement dans le secteur rural de Saint-Jean-Port-Joli, prospectant le jour de potentiels sentiers pour ses captures de nuit. Opération nocturne introspective et périlleuse de la part du photographe, devant un sujet qui se dérobe à sa vue sous la fulgurance produite par l’usage répété du flash, avant que se soient rapiécés ultérieurement les morceaux sur son moniteur. Comme s’il s’agissait d’une soif incessante d’atteindre l’éblouissement, de parvenir à une révélation…
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 120 – FIGURES D’AFFIRMATION ]
[ L’article complet et plus d’images, en version numérique, sont disponibles ici : Jocelyn Philibert, Métamorphose du réel — Mona Hakim ]