[Été 2022]
Par Lori Beavis
[Extrait]
J’aimerais plonger dans l’espace d’entreposage où Meryl McMaster range les vêtements qu’elle a créés dans le cadre de sa pratique photographique et performative. Une fois-là, je pourrais étudier de près les manteaux, tuniques à motifs, bandages à main, couvre-chefs ornés d’oiseaux, et brassards et matériaux végétaux à plumes. Au cours des quinze dernières années, McMaster a incorporé des robes assemblées et des artéfacts fabriqués, dont des livres reliés, un panier à bretelles rempli de lampes et un bateau plein d’oiseaux, pour créer une œuvre qui joue audacieusement des limites entre performance, sculpture et photographie.
Ces tissus et autres matériaux sont pour moi la régalia de l’artiste, semblable aux habits, ornements et artéfacts caractéristiques, et souvent sacrés, portés ou manipulés lors de cérémonies, pow-wow, célébrations et rassemblements. Les pièces sont faites à la main, nécessitant de nombreuses heures de travail, et créent, à partir de chaque point et de chaque fil, un lien avec la famille, le clan et le lieu. En revêtant ce costume cérémoniel, l’artiste incarne des récits d’identité, d’histoire et de contacts territoriaux, et elle nous guide à travers le passé, dans le présent et les temps à venir.
Depuis sa première série photographique, Ancestral (2008–2010), McMaster utilise des superpositions (numériques ou textiles) et retourne vers elle l’appareil photo pour examiner ses propres origines nêhiyaw (Crie des plaines)/ britannique/néerlandaise afin de contester la représentation ou la disparition des peuples autochtones. Dans In-Between Worlds (2010–2015), elle a commencé à « intégrer des sculptures qui ont pris la forme de talismans » et ainsi faire référence à son héritage mixte, afin de l’examiner et mettre en exergue la façon dont nous voyons le passé depuis la perspective du présent1. Dans Wanderings (2015), les oiseaux sont devenus un motif récurrent en tant que protecteurs et guides. Le thème de la déambulation l’a conduite dans différents paysages, alors qu’elle cherchait à établir des liens entre passé et présent, du point de vue de ce que nous sommes et de ce que nous pourrions devenir…
Traduit par Marie-Josée Arcand
[ Numéro complet, en version papier et numérique, disponible ici : Ciel variable 120 – FIGURES D’AFFIRMATION ]
[ L’article complet et plus d’images, en version numérique, sont disponibles ici : Meryl Mcmaster, As Immense as the Sky — Lori Beavis, Le début de quelque chose de nouveau ]